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Le budget de 2011 (le 22 mars 2011) a été déposé à la Chambre des communes, mais il n’avait pas été adopté quand le Parlement a été dissous le 26 mars 2011.

Archivé - Chapitre 2 : Évolution et perspectives Économiques (le 22 mars 2011)

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Tables des matières - Précédent - Suivant

Faits saillants

  • L’économie mondiale se remet de la récession la plus profonde et la plus synchronisée depuis les années 1930.
  • La reprise au Canada est en cours, sous l’effet des mesures exceptionnelles du Plan d’action économique du Canada et de la solidité des facteurs économiques fondamentaux du pays.
  • Parmi les pays du Groupe des Sept (G-7), le Canada affiche la plus forte croissance de l’emploi depuis le milieu de 2009, et il a plus que recouvré les emplois perdus durant la récession.
  • Le ministère des Finances a mené une enquête auprès d’économistes du secteur privé au début de mars 2011. Le 11 mars, les économistes ont rencontré le ministre des Finances pour discuter des prévisions économiques découlant de l’enquête ainsi que des risques associés à ces prévisions.
  • Les économistes du secteur privé s’attendent à ce que le produit intérieur brut (PIB) réel progresse de 2,9 % en 2011. Il s’agit d’une hausse par rapport au taux de 2,5 % qui était prévu au moment de la Mise à jour des projections économiques et financières d’octobre 2010.
  • Les économistes s’attendent maintenant à ce que le niveau du PIB nominal, soit la mesure la plus large de l’assiette fiscale, dépasse de plus de 20 milliards de dollars en moyenne, au cours de la période de prévision, la projection formulée au moment de la Mise à jour d’octobre 2010.
  • Les économistes du secteur privé estiment que les risques liés aux perspectives économiques sont grosso modo équilibrés.
  • Les économistes envisagent les perspectives d’une croissance mondiale plus forte, particulièrement aux États‑Unis, et que les avantages nets pour l’économie canadienne de prix plus élevés des produits de base constitueraient des facteurs clés qui pourraient contribuer à améliorer les perspectives, en particulier celles du PIB nominal.
  • Toutefois, les économistes considèrent que les problèmes de dette souveraine en Europe et la possibilité de prix du pétrole supérieurs et volatils – et leurs répercussions sur la croissance mondiale et l’inflation – constituent des risques assombrissant les perspectives économiques. De plus, le grave tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars pourraient affecter la reprise mondiale.
  • Le gouvernement a rajusté à la baisse, de 10 milliards de dollars, les prévisions du secteur privé à l’égard du PIB nominal pour chaque année de la planification budgétaire. Cet ajustement pour le risque tient compte de l’incertitude qui continue d’entourer les perspectives économiques mondiales.

Nota - Sauf indication contraire, le présent chapitre repose sur les données disponibles au 11 mars 2011, et tous les taux présentés correspondent à des taux annualisés.

Introduction

L’économie mondiale se remet de la récession la plus profonde et la plus synchronisée depuis les années 1930. Les conditions observées sur les marchés financiers mondiaux se sont nettement améliorées, et les prix des produits de base ont enregistré une remontée. Sous l’effet de ces facteurs, jumelés aux mesures du Plan d’action économique du Canada et à d’importantes mesures de stimulation au chapitre de la politique monétaire, la reprise économique au Canada est en cours. Parmi les pays du G-7, le Canada enregistre la plus forte croissance de l’emploi depuis juin 2009, ayant plus que recouvré les pertes à ce chapitre pendant la récession. Au Canada, la production et la demande intérieure privée ont toutes deux dépassé les niveaux enregistrés avant la récession, ce qu’aucun autre pays du G-7 n’a pu réaliser.

Même si les perspectives économiques mondiales à court terme se sont améliorées depuis la parution de la Mise à jour des projections économiques et financières d’octobre 2010, les économistes du secteur privé continuent de s’attendre à une croissance modérée de l’économie canadienne par la suite.

Le présent chapitre passe en revue les principales caractéristiques de l’évolution de l’économie à l’échelle mondiale et au Canada depuis le dépôt de la Mise à jour d’octobre 2010. Il décrit également les prévisions économiques du secteur privé qui servent de point de départ aux projections financières du gouvernement et traite des risques et de l’incertitude entourant ces prévisions économiques.

Évolution et perspectives de l’Économie mondiale

Après avoir enregistré une croissance supérieure aux prévisions à la fin de 2009 et au début de 2010, la reprise mondiale a quelque peu ralenti au cours des derniers trimestres, et elle devrait demeurer modérée. La plupart des économies avancées connaissent une croissance modérée, tandis que bon nombre des économies émergentes ou en développement enregistrent une forte croissance.

La reprise devrait demeurer modérée dans les pays avancés en raison du retrait graduel des mesures de stimulation dans la plupart de ces pays et de l’arrivée à terme du cycle de reconstitution des stocks. En conséquence, une reprise mondiale soutenue ne pourra être assurée qu’avec un soutien accru du secteur privé. Alors qu’au Canada, la demande intérieure privée s’est rétablie à son niveau d’avant la récession, la reprise à ce chapitre est lente dans les autres pays (graphique 2.1).

L’évolution récente de la situation est encourageante dans certains pays avancés, en particulier les États‑Unis, mais le maintien de faibles niveaux de confiance des consommateurs, la précarité persistante de la santé financière des ménages et du secteur financier ainsi que des taux de chômage élevés pourraient freiner la croissance de la demande intérieure privée dans bien des pays avancés. De plus, le grave tremblement de terre qui a frappé le Japon le 11 mars devrait avoir des répercussions importantes, mais temporaires, sur l’économie japonaise. La situation au Japon et ses implications économiques sont source d’incertitude élevée.

La demande intérieure privée s’est rétablie au Canada, contrairement à beaucoup d’autres pays avancés
Graphique 2.1 - Évolution de la demande intérieure privée finale réelle

Dans les économies émergentes, la croissance devrait demeurer forte, soutenue par la robustesse de la demande intérieure ainsi que la reprise du commerce international et des flux de capitaux. Toutefois, les pressions inflationnistes, attribuables en partie à la hausse des prix des aliments et de l’énergie, vont en s’intensifiant dans certaines économies émergentes.

Dans l’ensemble, le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à ce que l’économie mondiale enregistre une progression de 4,4 % en 2011 et de 4,5 % en 2012, surtout grâce aux économies émergentes, dont la Chine; il s’agit toutefois d’une baisse par rapport au taux de 5,0 % de 2010 (graphique 2.2). Dans les pays avancés, la reprise en cours devrait être plus modérée, le taux de croissance prévu s’établissant à 2,5 % en 2011 et en 2012, alors qu’il atteignait 3,0 % en 2010.

La reprise dans les pays avancés est modérée comparativement aux sorties de récession antérieures, alors que les entreprises avaient accéléré leur production pour compenser les pertes subies pendant la récession. Cela tient à ce qu’une partie de la production perdue lors de la crise financière mondiale, par rapport à la tendance observée avant la récession, ne devrait pas être recouvrée à moyen terme. En effet, on estime à présent que le niveau élevé d’activité observé avant la crise ne pouvait se maintenir.

Aux États‑Unis, la récession a pris fin en juin 2009[1] mais, depuis ce temps, la reprise est faible par rapport aux données historiques. Au départ, la relance reposait sur d’importantes politiques de stimulation économique et sur l’arrivée à terme du cycle de liquidation des stocks, mais les effets de ces facteurs se sont estompés en 2010. Néanmoins, l’activité économique américaine a montré des signes de reprise au dernier trimestre de 2010, progressant au rythme de 2,8 %, stimulée par une forte hausse des dépenses de consommation. D’après les indicateurs récents, la croissance devrait continuer à s’affermir au premier trimestre de 2011.

On s’attend à ce que la reprise économique
mondiale reste modérée
Graphoque 2.2 - Perspectives de croissance du PIB réel mondial selon le FMI

Malgré l’augmentation récente des dépenses de consommation, la reprise économique modérée a jusqu’à maintenant freiné la création d’emplois. Quoique les entreprises américaines aient recommencé à embaucher des travailleurs en mars 2010, ce qui a mené à la création d’environ 1,3 million d’emplois depuis ce temps, le nombre total d’emplois salariés est toujours de quelque 7,5 millions (5,4 %) inférieur au sommet enregistré avant la récession. De plus, le taux de chômage demeure élevé, s’établissant à 8,9 %, soit 4,5 points de pourcentage au-dessus du creux précédent.

En 2011, l’accroissement des investissements des entreprises et le redressement prévu de la construction résidentielle devraient soutenir une croissance plus élevée de la demande intérieure privée, bien que la faiblesse persistante de l’emploi et le besoin des ménages de rajuster leurs finances affaiblies par la baisse marquée de la valeur des maisons puissent freiner la progression des dépenses des ménages. D’après l’enquête menée en mars 2011 auprès d’économistes du secteur privé, la croissance du PIB réel des États‑Unis devrait s’établir à 3,1 % en 2011, en hausse par rapport au taux de 2,4 % prévu à l’enquête de septembre 2010 (graphique 2.3).

Les perspectives de croissance de l’économie américaine s’améliorent graduellement depuis septembre dernier
Graphique 2.3 - Perspectives de croissance du PIB réel des États-Unis

Performance Économique rÉcente du Canada

Le Canada a mieux résisté à la récession mondiale que la plupart des autres pays industrialisés, et la reprise est en cours. L’activité économique au pays a dépassé son niveau d’avant la récession, ce qui a entraîné une relance de l’emploi.

Le nombre de Canadiens ayant un emploi est aujourd’hui de plus de 480 000 supérieur à ce qu’il était en juillet 2009, ce qui a largement compensé la perte d’emplois au pays pendant le ralentissement économique mondial. La reprise du marché du travail canadien est robuste et généralisée. En chiffres nets, une fois les pertes d’emplois soustraites des emplois créés, on constate que tous les emplois créés depuis juillet 2009 l’ont été dans des industries à rémunération relativement élevée; de plus, près des trois quarts de ces emplois sont à temps plein (graphique 2.4). Toutes les provinces ont enregistré des gains au chapitre de l’emploi durant la reprise.

La plupart des emplois créés pendant la reprise se trouvent dans des industries à rémunération élevée et sont à temps plein
Graphique 2.4 - Variation de l'emploi au cours de la reprise, de juillet 2009 à février 2011

La reprise du marché du travail au Canada se démarque nettement de l’évolution de la situation aux États‑Unis, où seul un emploi sur sept des 8,8 millions d’emplois perdus a été recouvré (graphique 2.5).

Grâce à la robustesse de la création d’emplois, le taux de chômage du Canada est passé d’un sommet de 8,7 % en août 2009 à 7,8 % en février 2011. Le taux de chômage du Canada est actuellement de plus de 1 point de pourcentage inférieur à celui des États‑Unis; le taux canadien se situe à un niveau plus bas que le taux américain depuis octobre 2008, ce qui ne s’était pas vu depuis près de trente ans. En outre, si le taux de chômage est mesuré selon la même méthode, l’écart entre les deux pays est supérieur à 2 points de pourcentage[2].

L’économie canadienne a plus que recouvré
les emplois perdus pendant la récession
Graphique 2.5 - Emploi total / Taux de chômage

La relance du marché du travail a été soutenue par la reprise de la croissance économique. L’économie canadienne a connu six trimestres consécutifs de progression depuis le troisième trimestre de 2009 (graphique 2.6).

La reprise économique canadienne est en cours
Graphique 2.6 - Croissance du PIB réel

Tout au long de la reprise, la croissance a été alimentée par un solide regain des dépenses des consommateurs et des entreprises, en partie grâce à l’incidence favorable du Plan d’action économique du Canada sur la confiance des consommateurs et des entreprises, de même qu’aux effets des taux d’intérêt peu élevés. La croissance des dépenses de consommation réelles en biens et services s’est établie en moyenne à environ 3,5 % par trimestre depuis l’amorce de la reprise. L’investissement des entreprises a été encore plus vigoureux, enregistrant une croissance moyenne supérieure à 14 % par trimestre en 2010. Ces solides résultats au chapitre de l’investissement augurent bien pour l’amélioration future de la productivité au Canada.

Le dynamisme de l’économie canadienne a toutefois été freiné par la faiblesse de la demande pour les exportations canadiennes, ce qui s’est traduit par des exportations réelles nettement inférieures à leur niveau d’avant la récession. Cette situation est attribuable à la fois à une croissance relativement faible chez les partenaires commerciaux du Canada et à la vigueur du dollar canadien. L’incidence économique de la faible remontée des exportations est aggravée par l’importance que celles-ci occupent dans notre économie. Toutefois, les exportations réelles ont progressé considérablement à la fin de 2010, de concert avec le renforcement de la demande mondiale.

L’investissement réel dans le logement a légèrement diminué depuis le milieu de 2010, après avoir enregistré une très forte croissance à la fin de 2009 et au début de 2010, stimulée par de nombreux facteurs provisoires. Néanmoins, les ménages ont profité de taux d’intérêt à des niveaux planchers records pour augmenter leurs emprunts, dont une large part a servi à financer l’achat de logements. Toutefois, les logements au Canada ayant beaucoup mieux conservé leur valeur qu’aux États‑Unis, le niveau d’endettement des ménages (soit le ratio de la dette aux actifs) au Canada demeure nettement inférieur à celui enregistré aux États‑Unis.

Pour promouvoir la stabilité à long terme du marché du logement canadien, le gouvernement a annoncé le 17 janvier 2011 des modifications aux règles régissant les prêts hypothécaires assurés garantis par l’État, dans la foulée des mesures mises en œuvre en octobre 2008 et en avril 2010 afin de protéger et de renforcer ce marché. Les modifications comprennent une réduction de la période maximale d’amortissement des nouveaux prêts hypothécaires assurés garantis par l’État, qui passe de 35 ans à 30 ans, une réduction du montant maximal que les Canadiens peuvent emprunter lors du refinancement de leurs prêts hypothécaires, qui passe de 90 % à 85 % de la valeur de la résidence, et le retrait de l’assurance garantie par l’État à l’égard des marges de crédit hypothécaires. Les rajustements apportés au cadre de garantie des prêts hypothécaires assurés sont entrés en vigueur le 18 mars 2011, tandis que le retrait de la garantie du gouvernement sur les marges de crédit hypothécaires assurées entrera en vigueur le 18 avril 2011. Ces mesures procureront aux Canadiens une nette réduction du total des paiements d’intérêt sur leurs prêts hypothécaires, favoriseront l’épargne par la propriété immobilière et limiteront la conversion de la dette de consommation en hypothèques garanties par les contribuables.

Cadre stratÉgique et rÉsultats
Économiques du Canada

En 2006, le gouvernement a donné le coup d’envoi à un plan économique complet visant à bâtir une économie plus vigoureuse en tirant parti des principaux avantages du Canada. Il a donné suite à ce plan en mettant en œuvre des réductions d’impôt de portée générale, en effectuant des remboursements de la dette et en investissant dans le savoir et l’infrastructure.

Ces mesures ont contribué à jeter les assises d’une croissance économique viable à long terme et à placer le Canada dans une meilleure position que la plupart des autres pays pour faire face à la crise mondiale, en donnant au gouvernement la marge de manœuvre requise pour intervenir rapidement et efficacement afin de soutenir l’économie et de protéger les emplois au pays.

Les solides résultats économiques enregistrés au cours des cinq dernières années découlent de ces mesures; le Canada a affiché la plus forte croissance de l’emploi et du revenu parmi les pays du G-7 (graphique 2.7). Cette tendance est devenue encore plus évidente au cours de la reprise, le Canada ayant enregistré depuis juin 2009 la plus forte croissance de l’emploi parmi les pays du G-7.

L’emploi et le revenu ont progressé plus rapidement au Canada que dans les autres pays du G-7 depuis 2006
Graphique 2.7 - Croissance de l'emploi de 2006 à 2010 / Croissance du revenu réel disponible par habitant de 2006 à 2009

Évolution des marchÉs financiers

Les conditions des marchés financiers mondiaux se sont nettement améliorées pour le secteur privé depuis la crise financière. Les tensions sur les marchés bancaires de gros se sont essentiellement dissipées, et les coûts d’emprunt des entreprises ont connu une importante diminution. Cette amélioration a constitué l’un des principaux moteurs de l’activité économique mondiale en 2010.

Les retombées des mesures de politique publique prises à l’échelle mondiale expliquent l’amélioration des conditions offertes au secteur privé sur les marchés financiers. Par contre, ces derniers s’inquiètent davantage depuis le début de 2010 de la viabilité des finances publiques de nombreux pays, et en particulier des petits pays européens dont la situation financière est relativement faible. Les coûts d’emprunt de ces pays ont augmenté en flèche, ce qui a encore aggravé leur situation financière (graphique 2.8). Un certain nombre de pays européens ont pris d’importantes mesures pour rétablir la viabilité financière à moyen terme, notamment la Grèce et l’Irlande qui ont accepté une aide financière de l’Union européenne et du Fonds monétaire international. Il reste toutefois un degré très élevé d’incertitude, ce qui fait ressortir la nécessité d’améliorer la situation financière de nombreux pays.

Les inquiétudes entourant la dette souveraine se sont accrues dans certaines économies d’Europe
Graphique 2.8 - Rendement des obligations d'État à 10 ans

La crise financière a nettement moins touché le Canada que d’autres pays. Les coûts d’emprunt y sont demeurés relativement faibles, et le crédit a continué de progresser à un bon rythme pendant la crise, en partie grâce au fait que les institutions financières canadiennes étaient mieux capitalisées et qu’elles utilisaient moins l’effet de levier que leurs homologues internationales au début de la récession mondiale. Les institutions financières canadiennes continuent d’être considérées comme les plus saines au monde; de fait, le Forum économique mondial a déterminé que le système bancaire du Canada est le plus solide au monde, et ce, pour la troisième année de suite.

Par ailleurs, la solide remontée depuis le milieu de 2010 des prix mondiaux de la plupart des produits de base canadiens, jumelée à la solidité des facteurs économiques fondamentaux du Canada, a accru l’attrait des actifs financiers canadiens aux yeux des investisseurs internationaux, ce qui a maintenu les taux des obligations à un faible niveau et soutenu le dollar canadien.

Prix des produits de base

Les prix mondiaux des principaux produits de base canadiens ont augmenté considérablement au cours de la dernière année, tout en affichant une grande volatilité pendant cette période (graphique 2.9). Durant les neuf premiers mois de 2010, les prix des produits de base ont peu changé dans l’ensemble; en effet, l’aversion accrue pour le risque des investisseurs, attribuable aux retombées possibles des problèmes de dette souveraine en Europe sur la croissance mondiale et la performance des marchés financiers, a exercé de fortes pressions à la baisse sur les cours du pétrole brut, des métaux de base et des produits forestiers, alors que le souci de posséder une valeur refuge a mené le prix de l’or à des sommets inégalés.

Les prix de la plupart des produits de base canadiens ont fortement augmenté au cours de la dernière année
Graphique 2.9 - Prix des produits de base ($US) / Variation des prix des produits de base ($US), de janvier 2010 à mars 2011

Dernièrement, la plupart des prix des produits de base ont connu une forte hausse. En particulier, la forte demande des marchés émergents et les événements récents ayant marqué certaines régions productrices de pétrole ont fait augmenter les cours du pétrole brut. De plus, les prix des produits agricoles ont flambé par suite de l’accroissement de la demande et de restrictions de l’offre liées aux conditions météorologiques. Le cours du gaz naturel constitue une exception notable : il est demeuré très faible, surtout par rapport au cours du pétrole brut, par suite de l’annonce de gisements récupérables aux États‑Unis nettement supérieurs aux prévisions. Le prix moyen des contrats à terme conclus pendant les deux premières semaines de mars porte à croire que les marchés financiers s’attendent à ce que le cours du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) s’établisse en moyenne à 101,90 dollars américains le baril en 2011, et que le cours du Henry Hub, qui sert de référence pour le gaz naturel, se situe en moyenne à 4,15 dollars américains par million de BTU (MBTU) en 2011.

Perspectives de l’Économie canadienne –
prÉvisions du secteur privÉ

Le ministère des Finances mène périodiquement des enquêtes auprès d’économistes du secteur privé afin de connaître leur opinion au sujet des perspectives de l’économie canadienne. Les prévisions économiques exposées dans la présente section sont fondées sur une enquête réalisée au début de mars, à laquelle ont participé 15 économistes.

Depuis la préparation du budget de 1994, le gouvernement fonde sa planification financière sur la moyenne des prévisions du secteur privé. Cette pratique, qui confère un élément d’indépendance aux prévisions financières, est appuyée par des organismes internationaux tels que le Fonds monétaire international.

L’enquête de mars 2011 a été menée auprès d’économistes du secteur privé travaillant pour les organisations suivantes : Bank of America Merrill Lynch, Banque Royale du Canada, Banque Scotia, BMO Marchés des capitaux, Caisse de dépôt et placement du Québec, Conference Board du Canada, Desjardins, Deutsche Bank (Canada), Financière Banque Nationale, Groupe financier Banque TD, IHS Global Insight, Marchés mondiaux CIBC, UBS Valeurs mobilières Canada, Université de Toronto (Policy and Economic Analysis Program) et Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Les prévisions de croissance du PIB réel en 2011 sont quelque peu plus élevées que celles publiées dans la Mise à jour des projections économiques et financières d’octobre 2010. Les économistes prévoient que la croissance réelle demeurera solide au premier trimestre de 2011, s’établissant à 3,5 %, mais ils continuent de s’attendre à une croissance plus modérée de l’économie canadienne par la suite. De plus, les économistes ont rajusté à la hausse le taux prévu d’inflation du PIB pour cette année, par rapport à celui publié dans la Mise à jour, par suite des récentes hausses des prix des produits de base. Dans l’ensemble, ils s’attendent à ce que le niveau du PIB nominal dépasse de plus de 20 milliards de dollars en moyenne, sur l’ensemble de l’horizon de planification, le niveau qui avait été prévu dans la Mise à jour d’octobre 2010 (tableau 2.1).

Les économistes ont aussi rabaissé de 0,2 point de pourcentage les prévisions du taux de chômage pour 2011 et 2012. Les avis qu’ils ont exprimés lors de l’enquête de mars en ce qui a trait aux taux d’intérêt demeurent pratiquement inchangés par rapport à la Mise à jour.

L’incertitude entourant les perspectives à moyen terme, illustrée par l’écart entre la moyenne des trois prévisions les plus élevées et des trois prévisions les plus faibles concernant le PIB nominal sur un horizon de quatre ans, demeure quelque peu plus importante en regard des données historiques, mais elle a sensiblement diminué depuis la Mise à jour de septembre 2009, qui avait été publiée au début de la reprise économique (graphique 2.10).

L’écart entre les prévisions à moyen terme s’est nettement rétréci depuis le début de la reprise
Graphique 2.10 - Distribution des prévisions du secteur privé concernant le PIB nominal en 2015

 

Tableau 2.1
Moyenne des prévisions du secteur privé
  2010 2011 2012 2013 2014 2015 2011-
2015
  (%, sauf indication contraire)
Croissance du PIB réel              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 2,6 3,2 3,0 2,8 2,6 2,5 2,8
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 3,0 2,5 2,8 2,9 2,6 2,5 2,7
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 3,1 2,9 2,8 2,7 2,5 2,5 2,7
Inflation du PIB              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 2,2 2,1 2,2 2,1 2,0 2,0 2,1
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 2,8 2,0 2,3 2,0 2,0 1,9 2,0
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 3,0 2,8 2,1 2,1 2,0 2,0 2,2
Croissance du PIB nominal              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 4,9 5,4 5,3 4,9 4,7 4,6 5,0
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 5,9 4,6 5,2 5,0 4,6 4,4 4,7
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 6,2 5,8 5,0 4,9 4,5 4,5 4,9
Niveau du PIB nominal (G$)              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 1 601 1 688 1 778 1 865 1 953 2 043
Enquête de septembre 2010 1 618 1 692 1 780 1 868 1 954 2 039
Enquête de mars 2011 1 622 1 716 1 801 1 890 1 975 2 064
Écart (de mars à septembre) 4 24 21 21 22 25 23
Taux des bons du Trésor à 3 mois              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 0,7 2,4 3,8 4,3 4,4 4,5 3,9
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 0,6 1,6 2,7 3,5 4,0 4,0 3,2
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 0,6 1,3 2,5 3,4 3,9 4,1 3,1
Taux des obligations du gouvernement
 du Canada à 10 ans
             
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 3,7 4,3 4,9 5,2 5,3 5,3 5,0
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 3,2 3,3 4,0 4,6 4,8 4,9 4,3
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 3,2 3,5 4,0 4,6 4,8 5,0 4,4
Taux de change (cents US/$CAN)              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 95,5 98,3 97,7 99,3 98,5 97,2 98,2
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 95,8 96,7 98,2 98,0 97,5 97,0 97,5
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 97,1 99,7 98,8 98,1 97,4 96,5 98,1
Taux de chômage              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 8,5 7,9 7,4 6,9 6,6 6,4 7,0
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 8,0 7,7 7,4 7,0 6,8 6,6 7,1
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 8,0 7,5 7,2 7,0 6,7 6,5 7,0
Inflation de l’indice des prix à la consommation              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 1,7 2,2 2,1 2,1 2,1 2,1 2,1
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 1,7 2,2 2,1 2,1 2,0 2,0 2,1
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 1,8 2,4 2,1 2,0 2,0 2,0 2,1
Croissance du PIB réel aux États‑Unis              
Enquête de décembre 2009 et budget de 2010 2,7 3,0 3,4 3,1 2,9 2,7 3,0
Enquête de septembre 2010 et Mise à jour de 2010 2,7 2,4 3,0 3,1 3,0 2,7 2,8
Enquête de mars 2011 et budget de 2011 2,8 3,1 3,1 3,2 3,3 3,2 3,2
Nota – Les valeurs indiquées pour 2010 dans l’enquête de mars 2011 et le budget de 2011 correspondent aux données réelles.
Sources : Enquêtes de décembre 2009, de septembre 2010 et de mars 2011 du ministère des Finances auprès d’économistes du secteur privé.
Les prévisions du secteur privé sont fondées sur des hypothèses prudentes

La moyenne des prévisions économiques du secteur privé à l’égard du PIB nominal, sur laquelle reposent les perspectives financières du gouvernement, constitue une hypothèse de planification prudente du fait qu’elle intègre une perte permanente de production réelle découlant de la récession et des prix relativement bas des produits de base.

Les économistes prévoient actuellement que le PIB réel sera d’environ 100 milliards de dollars inférieur au niveau prévu en octobre 2007, avant la récession mondiale. Cela indique qu’on ne s’attend pas à ce que la croissance économique faible ou négative enregistrée en 2008 et en 2009 au Canada soit compensée par une croissance plus forte à moyen terme, comme cela se produit parfois après une récession.

De plus, les prévisions de mars 2011 du secteur privé au titre de l’inflation du PIB sont conformes à des prix des produits de base inférieurs aux niveaux actuels et aux prévisions que laissent supposer les cours des contrats à terme. Si les prix des produits de base suivent l’évolution prévue par les marchés à terme ou s’ils demeurent près des niveaux actuels, l’inflation du PIB – et en conséquence le PIB nominal – sera supérieure aux prévisions de l’enquête de mars.

Les projections financières du gouvernement sont donc fondées sur une projection prudente du PIB nominal, qui constitue la mesure la plus large de l’assiette fiscale.

Tableau 2.2
Comparaison des prévisions d’octobre 2007 et de mars 2011 du
secteur privé concernant le PIB réel
  2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
  (G$ chaînés de 2002)
Enquête de mars 2011 1 286 1 325 1 364 1 402 1 440 1 476 1 513
Enquête d’octobre 20071 1 382 1 422 1 462 1 501 1 539 1 578 1 618
Écart -96 -97 -98 -99 -99 -101 -105
1 L’enquête d’octobre 2007 auprès du secteur privé portait sur la période de 2007 à 2013. Les données indiquées pour 2014 et 2015 s’appuient sur le taux de croissance de 2013.
Prix des produits de base d'après les prévisions de l'inflation du PIB
de l'enquête de mars 2011 auprès du secteur privé
  Prix actuel1 2011 2012 2013 2014 2015
Prix d’après l’enquête de mars 2011            
Indice des prix des produits de base
 (1997 = 100)
194 184 185 189 188 188
Pétrole brut (WTI, $US/baril) 102,3 94,3 94,9 98,6 97,9 97,6
Gaz naturel (Henry Hub, $US/MBTU) 3,8 4,2 4,2 4,4 4,4 4,4
Prix des contrats à terme récents1            
Pétrole brut (WTI, $US/baril)   101,9 104,0 102,0 101,4 101,6
Gaz naturel (Henry Hub, $US/MBTU)   4,1 4,7 5,1 5,5 5,8
1    Moyenne du 28 février au 11 mars.

Évaluation des risques et hypothèses de planification

Le 11 mars 2011, le ministre des Finances a rencontré des économistes du secteur privé afin de discuter des perspectives économiques établies lors de l’enquête de mars 2011, ainsi que des risques qui se rattachent aux projections. Les économistes ont alors convenu que la prévision moyenne de l’enquête de mars 2011 représentait un fondement raisonnable de la planification budgétaire. Les perspectives financières sont présentées au chapitre 5.

Les économistes étaient d’avis que les risques qui pèsent sur les perspectives économiques – dont la plupart ont leur source à l’étranger – étaient grosso modo équilibrés, certains d’entre eux améliorant les perspectives économiques et d’autres, les assombrissant. Sur le plan positif, les économistes ont souligné les perspectives d’une croissance mondiale plus élevée, en particulier aux États‑Unis. Ils ont également souligné les avantages nets dont profiterait l’économie canadienne, notamment en ce qui a trait au PIB nominal, si les prix des produits de base étaient plus élevés que prévu.

Toutefois, les économistes du secteur privé ont également exprimé des préoccupations quant aux risques assombrissant les perspectives économiques. Ils ont mis tout particulièrement en évidence le fait que les problèmes de dette souveraine en Europe et les prix du pétrole plus élevés et volatils – et leurs répercussions sur la croissance mondiale et l’inflation – constituaient des risques importants pour les perspectives économiques. En outre, le grave tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars pourraient avoir des répercussions négatives sur la reprise mondiale.

Les économistes ont également indiqué que l’augmentation du ratio de l’endettement au revenu des ménages canadiens, stimulée par les taux d’intérêt historiquement bas, constituait un autre facteur de risque pour les perspectives canadiennes, car des niveaux d’endettement élevés accroissent la vulnérabilité des ménages à la hausse des taux d’intérêt ou aux ralentissements économiques.

Le gouvernement a rajusté à la baisse, de 10 milliards de dollars, les prévisions du secteur privé à l’égard du PIB nominal pour chaque année de la planification budgétaire (tableau 2.3). Ce rajustement pour le risque, qui représente une baisse d’environ 1,5 milliard de dollars des revenus fiscaux pour chacune des années faisant l’objet des prévisions, tient compte de l’incertitude qui continue d’entourer les perspectives économiques mondiales.

Le gouvernement continuera d’analyser l’évolution de la situation économique et les risques connexes afin de déterminer s’il convient de maintenir ce rajustement à la baisse en fonction du risque.

Tableau 2.3
Hypothèses de planification du budget de 2011
concernant le PIB nominal
  2011 2012 2013 2014 2015
  (G$)
Enquête de mars 2011 auprès d’économistes du secteur privé 1 716 1 801 1 890 1 975 2 064
Hypothèse de planification budgétaire du budget de 2011 1 706 1 791 1 880 1 965 2 054
 
Rajustement en fonction du risque -10 -10 -10 -10 -10
 
Ajout
Rajustement en fonction du risque
 dans la Mise à jour d’octobre 2010
-10 -10 -7,5 -5 -5

1  Selon le National Bureau of Economic Research.

2  Des différences de méthodologie ont pour effet de gonfler le taux de chômage au Canada par rapport à celui des États‑Unis. Statistique Canada classe parmi les chômeurs les personnes qui recherchent un emploi de façon passive (p. ex., en lisant les petites annonces) ainsi que celles qui commenceront à travailler à court terme, alors que le U.S. Bureau of Labor Statistics exclut ces deux catégories de ses calculs. De plus, la méthode de calcul canadienne tient notamment compte des personnes âgées de 15 ans, dont le taux de chômage est supérieur à la moyenne, tandis que la méthode utilisée aux États‑Unis n’en tient pas compte.

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